En 1943, lorsque l’on proposa à Winston Churchill de diminuer le budget de la culture pour amplifier l’effort de guerre, il répondit tout simplement : « Mais alors, pourquoi nous battons-nous ? »
Passées l’émotion et l’exaltation collective, la France va continuer à s’interroger sur ses besoins réels en matière de sécurité, de défense, de renseignement… et, espérons-le, de culture.

Reconnaître le rôle irremplaçable de l’art et du patrimoine, tout particulièrement en ces temps troublés, c’est aussi mener le combat car notre civilisation est attaquée.
Nous sommes en guerre et dans cette forme nouvelle de conflit comme dans les plus traditionnelles, l’art est une arme redoutable. Faire rire, rêver ou réfléchir, c’est renforcer la Démocratie car « il n’y a pas de liberté pour l’ignorant » (Condorcet). Et les obscurantistes ne s’y sont pas trompés en s’en prenant toujours aux artistes, ces lanceurs d’alertes, souvent les premières victimes de la barbarie qu’ils dénoncent.

Face à l’inqualifiable, l’art et la culture permettent aux hommes de rester debout, de continuer à se projeter dans l’avenir, aussi sombre soit-il. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de récits multiples. « La certitude rend fou » disait Freud or le fondamentalisme ne prospère qu’en imposant un sens unique aux textes et au monde, en combattant tous les discours qui prétendent défendre la diversité culturelle.

La culture entretient l’imaginaire public, ce « germe fécond du doute » si cher à Raymond Aron dont notre société à si ardemment besoin.

Nous sommes à la croisée des chemins. Dans un moment où « l’effondrement de la raison engendre des monstres » pour reprendre la formule de l’écrivain catholique Georges BERNANOS, il nous faut rebâtir nos politiques culturelles. Inventées par Malraux et poursuivit par Lang, elles sont aujourd’hui à bout de souffle.

Cela passe tout d’abord par une défense sans concession du rôle de la Culture, surtout en temps de crise. Il faut beaucoup d’arts pour « faire société ». Et dans un monde où l’on assiste à l’offensive de « l’argent absolu », certains comptables arrogants nous parlent toujours du coût de la Culture. Je ne répéterai jamais assez que ce n’est pas la Culture qui coûte cher mais bien l’absence de Culture.

Fabien Robert

Adjoint au Maire en charge de la Culture

Officier de réserve de l’armée de terre

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