La musique électronique à Bordeaux est en pleine explosion. Elle bénéficie d’un contexte local particulièrement favorable à son développement. Le Son’art, puis le 4 sans, puis l’I-BOAT et enfin le Bootleg ont structuré cette scène dans une ville qui était auparavant principalement connue pour ses groupes de rock. De nombreux musiciens et organisateurs ont émergé ces dernières années à Bordeaux, et des structures traditionnellement dédiées au rock se sont mises à programmer des formats club, dans des genres différents qui ne se croisent pas toujours et ne rassemblent pas toujours le même type de public.

L’histoire rock et underground de la ville, tout comme la présence sur le territoire d’un centre de recherche musical (le SCRIME) et d’une classe de composition électroacoustique au Conservatoire ont permis l’émergence d’une scène darkwave, synthwave originale et adoubée par la critique musicale spécialisée, avec de très bons groupes comme Volcan, Hord, Die Ufer, Harshlove, Panoptique ou Jardin, qui tournent à l’international, et séduisent un public d’aficionados souvent issus du rock – mais aussi de compositeurs originaux, touche-à-tout, collaborant aussi bien avec des ensembles de musique contemporaine qu’avec la scène rock locale (Julia Hanadi Al Abed, Guillaume Flamen, Antoine Hubineau, Eddie Ladoire…).

De nombreux jeunes bordelais originaires du Bassin d’Arcachon, du Blayais et du Libournais ont également amené une certaine culture de l’hédonisme qui a donné une identité particulière aux soirées électro et house « branchées » et festives de la ville, organisées de manière professionnelle, et particulièrement courues par la jeunesse bordelaise. Leur concept a fait de nombreux émules à Paris (Délicieuse Musique, Night Cool notamment) et est décliné localement avec beaucoup de succès par l’Orangeade, la Canopée, La Garderie…etc.

Enfin le phénomène berlinois n’a pas laissé les bordelais indifférents, avec une scène techno en pleine effervescence, rassemblée derrière le webzine prescripteur au niveau national d’excellente qualité Seeksicksound, qui organise de nombreux concerts partout en France et à Bordeaux, toujours très suivis par un public local et national, suivant les tendances les plus actuelles de la musique électronique internationale et en faisant tourner les plus grands noms de la techno contemporaine.

Outre les festivals « historiques » spécialisés : Semaine K pour l’electroswing et l’électro hip hop et Echo à Venir pour les musiques électroniques novatrices, un nouveau festival dédié à ces musiques a vu le jour sous la houlette de l’I-Boat, naturellement : le Hors-Bord, à la programmation impeccable. La SDBX, est également un nouveau temps fort pour ces musiques, l’événement est de plus en plus identifié et suivi par ces milieux, et consacre une large partie de sa programmation artistique aux musiques électroniques novatrices. Le B.O.A. enfin, rassemble un public nombreux autour de la scène locale émergente.

Toujours décriées pour leur image sulfureuse, les musiques électroniques sont au cœur d’un écosystème créatif et économique important à Bordeaux et contribuent à faire parler de la Ville au-delà des frontières (I-Boat classé parmi les 10 meilleurs clubs européens en 2015, nombreux artistes qui tournent à l’international). Elles font d’ailleurs partie de la stratégie d’attractivité de nombreuses villes européennes et françaises (Berlin bien sûr, Londres, Cracovie, Barcelone, Bruxelles, mais aussi Paris avec le projet d’aménagement Paris Rive Gauche (Wanderlust, Batofar, Petit Bain, Concrete) et de l’Ile Seguin qui prévoit un zonage sans habitations pour permettre les activités nocturnes, associées aux activités d’affaires ou aux administrations, fermées de nuit, ou encore Lyon avec les Nuits Sonores et le zonage des Confluences. A noter, une tendance de plus en plus présente dans les musiques électroniques est d’investir des espaces urbains hors des clubs. Ainsi, de nombreux espaces publics, patrimoniaux, friches industrielles, bâtiments commerciaux ou même gares sont régulièrement investis par des organisateurs partout dans le monde.

Loin des sombres boites de nuit (parfois sympathiques), l’image de cette musique change et Bordeaux devient peu à peu une “place forte” nationale dans ce domaine.

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