L’élection du Président de la République est la clef de voute de notre démocratie. Son fonctionnement a été pesé et pensé par le Général de Gaulle afin de donner un régime stable à la France. Elle se déroule donc en vertu du scrutin uninominal à 2 tours avec un principe majeur : au 1er tour, chaque sensibilité politique s’exprime ; au 2d tour, on se rassemble. Cette règle fondatrice semble aujourd’hui remise en cause par un contexte particulier, ce que je trouve, pour ma part, très inquiétant.

D’abord les Primaires sont venues dénaturer ce principe en proposant de confier le choix du candidat à un camp alors que précisément, le 1er tour doit permettre de départager les deux finalistes.

Mais le plus grave se produit aujourd’hui sous nos yeux. Jean-Luc Mélanchon et Benoit Hamon discutent “le bout de gras” pour savoir s’ils peuvent s’allier, François Bayrou est sommé manu militari de se ranger derrière Emmanuel Macron… Tout ça au nom du vote utile : une seule place est libre au 2d tour, aux côtés de Marine Le Pen.

Je dénonce avec force cette dérive insidieuse, condamnable au moins pour 3 raisons.

D’une part, quel fatalisme face à l’extrême droite ! Les mêmes qui nous expliquent à grands renforts de formules assassines qu’il faut combattre le parti de la haine ont qualifié d’office Marine Le Pen, si ce n’est dans les urnes, tout du moins (et c’est probablement pire) dans les esprits. Arrêtons-là cette fiction et donnons-nous les moyens d’agir contre la diffusion des thèses du FN en commençant par refuser toute fatalité.

D’autre part, rappelons-nous que le vote utile est un artefact inventé par les grands partis majoritaires pour séduire et museler les sensibilités politiques. Il s’agit alors de rafler la mise dès le premier tour. Le modéré que je suis défend une toute autre conception du droit de suffrage, celle d’une juste représentation de toutes les idées au 1er tour.

Enfin, alors que notre démocratie est malade et que de moins en moins de français se déplacent pour aller voter, ce n’est pas en réduisant le champ des expressions politiques que l’on fera diminuer l’abstention. C’est même précisément l’inverse qu’il conviendrait de faire (en injectant, par exemple, une dose de proportionnelle aux élections législatives).

Nous devons défendre le pluralisme politique et la liberté d’expression, deux conditions d’existence de la démocratie, et dénoncer les jeux de “billard à 3 bandes” qui les menacent. En mai prochain, au 1er tour, n’en déplaise aux sondeurs et aux calculateurs, je voterai pour le candidat qui sera le plus proche de mes convictions.

 

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